A Bonifacio, le soir du vendredi saint, sept confréries différentes convergent vers l'église Sainte-Marie-Majeure. Les pénitents portent de lourdes châsses dont certaines pèsent près de 800kg. La foule encourage les porteurs qui doivent emprunter, dans la ville haute, les passages les plus étroits. Ce même soir, on célèbre le lugubre office des ténèbres. Il s'achève dans l'obscurité totale, au milieu d'un terrifiant fracas: les confrères frappent le sol avec des masses qui rappellent le tremblement de terre déclenché par la mort du Christ.

En Corse des dizaines de processions de pénitents en cagoule, peinant sous de lourds fardeaux,
arpentent les ruelles des vieilles cités de l'île. Du nord au sud, les confréries religieuses ,dont
certaines ont plus de sept siècles d'existence, perpétuent ces traditions.
La procession de Sartène est l'une des plus poignantes. Elle est conduite par le grand pénitent
ou "catenacciu" qui vient de passer en prières la nuit et la journée précédentes au couvent de
St Damien et a reçu en fardeau la croix et les chaines exposées dans l'église de Ste Marie.
Vétu d'une robe rouge, pieds nus, la tête dissimulée sous une cagoule, il s'identifie au Christ.


La lourde chaine (14 kg)-"catena" d'ou vient "catenacciu", l'enchainé- fixée à la cheville, qui
traîne sur les pavés et l'immense croix de chêne (31,5 kg) qu'il porte entrave sa marche le faisant trébucher par trois fois, comme le Christ, sur le chemin de Golgotha

Le "Pénitent blanc" l'aide ,comme Simon de Cyrène aida le Christ.Suivent huit pénitents noirs
portant, sur un linceul et sous un dais noir, la statue du Christ mort.
Viennent ensuite le clergé et les fidèles. Le lent cheminement du cortège se déroule dans une
atmosphère d'angoisse ,d'exitation et de ferveur religieuse.

"La Corse ne se met jamais à genoux devant personne, sauf devant Dieu."